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Trouver le juste équilibre

Stephan Somogyi travaille dans la gestion des produits liés à la sécurité et à la confidentialité chez Google. Pour lui, ce sont nos comportements en ligne qui doivent être remis en question.

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Stephan Somogyi, ici, en Allemagne, nous attachons toujours notre ceinture de sécurité, nous souscrivons toutes sortes d'assurances et nous cachons le clavier pour taper le code quand nous retirons de l'argent au distributeur. Alors pourquoi sommes-nous si négligents sur Internet ?

Ce n'est pas un phénomène propre à l'Allemagne, mais un problème mondial. La raison à cela est la psychologie humaine, qui est mieux conditionnée pour faire face à des dangers concrets et visibles. Or, les risques sur Internet sont tout sauf visibles et concrets. C'est pourquoi il est particulièrement important pour les entreprises technologiques comme Google de s'assurer que leurs utilisateurs sont protégés. Nous avons travaillé d'arrache-pied dans ce sens ces dernières années.

Sur quoi avez-vous travaillé ?

Nous avons consacré énormément de temps et d'argent à mieux connaître nos utilisateurs. Nous avons, par exemple, découvert que nous affichions trop d'avertissements de sécurité, ce qui poussait les utilisateurs à ne pas les prendre suffisamment au sérieux. La question est alors : quel est le bon nombre d'avertissements ? Il n'est pas facile de trouver le juste équilibre. Nous sous-estimons souvent le facteur humain.

Qu'entendez-vous par là ?

Si un utilisateur décide de cliquer sur un lien dans un e-mail ou de partager ses données sans y réfléchir, vous ne pouvez pas faire grand-chose. La plupart des attaques reposent sur la crédulité humaine.

"Nous avons naturellement tendance à faire confiance aux autres. Les pirates informatiques le savent."

Stephan Somogyi

Quel est le résultat ?

Nous avons naturellement tendance à faire confiance aux autres. Les pirates informatiques le savent. C'est pourquoi ils parviennent parfois à nous piéger et à nous pousser à faire confiance à un e-mail provenant d'une adresse que nous ne connaissons pas. Ou ils essaient tout simplement de nous faire peur. Dans les deux cas, les conséquences sont les mêmes : nous prenons de mauvaises décisions.

Pouvez-vous me donner un exemple ?

Imaginons que vous receviez un message dans votre boîte de réception, vous informant que le service de streaming vidéo que vous comptiez utiliser pour regarder les nouveaux épisodes de votre série favorite est sur le point d'être bloqué. Pour éviter cela, il vous est demandé de cliquer sur le lien fourni et de confirmer vos coordonnées bancaires. Dans un moment pareil, de nombreuses personnes prennent la mauvaise décision et suivent ces instructions. Et c'est ainsi que le pirate a accès à leurs informations bancaires.

Les pirates essaient-ils donc toujours de pousser les utilisateurs à agir sans réfléchir ?

Oui. Mais il y a aussi de nombreux autres cas où les internautes ne tiennent pas compte des avertissements de sécurité, par ignorance ou désinvolture. C'est pourquoi nous essayons de simplifier nos conseils dans les avertissements de sécurité. Nous ne voulons pas dire aux utilisateurs ce qu'ils doivent faire ou non. Nous voulons les informer des dangers potentiels et leur fournir toutes les informations nécessaires pour qu'ils puissent prendre une décision éclairée. Ni plus, ni moins.

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Les ordinateurs de bureau ne sont plus le seul point d'accès des utilisateurs. Les exigences de sécurité sont-elles les mêmes avec les autres appareils ?

C'est un véritable défi pour nous. La sécurité en ligne nécessite toujours un échange de données supplémentaire, pour le chiffrement par exemple. Sur un ordinateur de bureau, ce n'est pas un souci. Mais sur un smartphone, il y a danger en raison du volume de données impliqué. C'est pour cette raison que nous devons développer des mesures de sécurité qui n'utilisent que la stricte quantité de données nécessaire. Nous avons fait des efforts considérables pour réduire le volume de données transférées sur les appareils mobiles. Aujourd'hui, elle est quatre fois moins importante qu'auparavant. Le but est d'éviter que les utilisateurs ne désactivent les paramètres de sécurité pour réduire leur consommation de données. C'est là que le facteur humain entre à nouveau en jeu.

Supposons que je suive tous les conseils de sécurité et que je sois prudent avec mes données personnelles. Est-ce que cela signifie que je n'ai plus besoin d'utiliser d'antivirus externe ?

Voyons cela autrement : aujourd'hui, si vous mettez à jour régulièrement votre système, vous restez plutôt bien protégé. Mais cela n'a pas toujours été le cas. Auparavant, de nombreuses entreprises n'étaient pas assez consciencieuses. La situation s'est considérablement améliorée ces dernières années, et le risque s'est fortement réduit.

Parlons un peu de l'avenir. Quel est votre prochain objectif ?

Nous voulons faire du protocole HTTPS la norme sur le Web, afin que toutes les connexions soient chiffrées. Nous utilisons déjà le chiffrement sécurisé HTTPS pour transférer des données pour un grand nombre de nos services, comme le moteur de recherche Google et Gmail.

Vous voulez donc que toutes les données en ligne soient transférées de manière sécurisée ?

Oui. Jusqu'à présent, les connexions sécurisées étaient signalées dans la barre d'adresse. Nous souhaitons inverser cette approche afin qu'à l'avenir, ce soient les connexions non sécurisées qui soient signalées

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Photographies : Felix Brüggemann

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